mercredi 27 juin 2012

La poignée de main

C'est historique : lors de sa visite officielle, la reine (d'Angleterre) a bien serré la main du numéro 2 du Sinn Fein (et ancien chef de l'IRA), Martin McGuinness, également vice-premier ministre pour l'Irlande du Nord.

Les Irlandais et le syndrome (post-colonial)

L'histoire coloniale est encore (et toujours) très présente dans l'esprit des Irlandais. Plus de 80 ans après la proclamation de l'indépendance du pays, le syndrome post-colonial se manifeste à tous niveaux - et prend parfois des allures insoupçonnées.

L'époque faste et folle du Tigre celtique en est l'illustration la plus et voyante.

Chaque référence, chaque rappel si fugace soit-il, à la présence britannique en Irlande provoque des réactions épidermiques chez tous les Irlandais.

Ainsi l'année dernière, la première visite de la reine d'Angleterre, depuis l'instauration de la république d'Irlande, a été vécue de façon hyper-émotionnelle. Son discours, très attendu, a été décortiqué par tous - sans exception.

Et voici qu'Elisabeth II s'apprête à rencontrer, en Irlande du Nord cette fois, le numéro 2 du parti ennemi du Royaume-Uni : Martin McGuinness, du Sinn Fein.

L'une des questions du jour porte maintenant sur le fait de savoir si elle va lui serrer la main - ou pas.

L'autre question porte sur la façon dont les médias irlandais parlent de "the Queen", sans référence à un quelconque pays - étant entendu que chacun comprendra "of England".

Des voix (irlandaises) crient au scandale en faisant remarquer qu'il n'y a pas qu'une seule reine dans le monde - même pour l'Irlande, l'ancienne colonie britannique.

C'est l'objet d'une lettre de lecteur envoyée au Irish Times, aujourd'hui ;

A chara, – Brian Walker (June 25th), writing from England, takes your paper to task, refers patronisingly to “the good people of Ireland” and makes the extraordinary claim that we have only one possible crowned head in mind whenever mention is made of a queen.

I write to you from France, where any mention of a queen is naturally accompanied by name and country, there are just too many queens to chose from. The list is quite long and includes Belgium, Holland, England, Spain, Norway and Sweden. Other than that, I myself come from North Louth, Táin Country, where any mention of a queen can only mean Queen Maeve of Connaught. – Is mise,

NB : La reine Maeve de Connaught appartient à la mythologie celtique. Elle repésente la femme libre et guerrière celte. Elle eut plusieurs maris et a commandé d'une main de fer une immense armée de valeureux guerriers (tous ses amants, à ce qu'il paraît). Nous parlons-là d'un temps d'avant l'arrivée du Christianisme en Irlande.

Tombeau de la reine Maeve - Mont Knocknarea


jeudi 21 juin 2012

Euro 2012 : le chant des Irlandais

Les Irlandais ont perdu leur trois matches de l'Euro 2012. Le football irlandais n'a pas été à la hauteur de la compétition. Les Irlandais en ont bien conscience. Mais jusqu'au bout, ils ont défendu, avec fierté (comme toujours), l'honneur de leur pays.


Drapeaux irlandais accrochés aux façades des maisons, rétroviseurs de voitures enveloppés de vert, blanc et orange, fanions tricolores claquant au vent sur le moindre véhicule, tout était prêt pour aider au moral des troupes.

Rien n'y a fait. Les Irlandais ont perdu face à la Croatie, d'abord. Puis, face à l'Espagne. Et enfin, face à l'Italie. Gueule de bois nationale.

Mais les Irlandais ont relevé la tête malgré ce déluge. A la fin du match (perdu) contre l'Espagne, les supporteurs irlandais se sont doucement mis à chanter l'hymne non-officiel d'Irlande : The Fields of Athenry.

Une chanson écrite dans les années 1970, selon un récit datant de la Grande Famine du 19e siècle. The Fields of Athenry sert maintenant de chant sportif aussi bien pour le football que pour le rugby (et pour toute l'île, du nord au sud).



 Et soudain, le pays tout entier a vibré (enfin).

Coupeurs de tourbe contre Bruxelles

Les coupeurs de tourbes (turf cutters) irlandais sont en colère. Depuis plusieurs années, ils défient la réglementation européenne en ignorant délibérement la Directive sur la protection de l'Habitat, edictée par Bruxelles afin de sauver ce qu'il reste des champs de tourbe dans l'Ouest de l'Irlande.




Hier, une centaine d'entre eux ont empêché la police (Garda) d'enlever les machines permettant l'extraction de la tourbe. Cette tourbe vendue sous forme de pains, dès l'hiver venu, afin de servir de combustible pour les poêles et cheminées de tout le pays.

Les techniques de coupage de tourbe ont bien évolué ces dernières années. On est loin désormais de la pelle et du seau.




Ce sont maintenant d'énormes machines qui déchirent le sol fragile et acide des tourbières - détruisant, lentement mais sûrement, cet environnement exceptionnel.

Le gouvernement irlandais a pourtant prévenu : l'Irlande risque une amende de 25.000 euros par jour si l'extraction de tourbe continue dans la région visée par la Directive européenne. Une amende dont se passerait bien le pays, qui doit déjà faire face à des dettes qui n'en finissent plus.