mercredi 26 janvier 2011

Le rêve irlandais... c'est fini.

Steve Bell, dessinateur britannique, chroniqueur au Guardian.

"BCE FMI
Nous promettons de préserver les banques et les créditeurs de l'Etat au prix de vos boulots pour le temps que cela prendra" ©Steve Bell 2010


Huit ministre qui quittent le gouvernement en dix jours. Le parti des Verts qui claque avec fracas les portes de la coalition gouvernementale, jurant qu'on ne les y reprendra plus.

Un Premier ministre, Brian Cowen, qui démissionne de son poste de chef de file du parti Fianna Fail, le parti au pouvoir depuis plus de vingt ans.

Des élections générales anticipées, annoncées d'abord pour le 11 mars puis avancées au 25 février - vu l'état de catastrophe généralisée du pays.

Un budget d'austérité puissance 1000 à faire adopter par le parlement en urgence. Y compris par les partis d'opposition qui risquent bien de se retrouver au pouvoir après ces sus-dites élections générales.

Et de se retrouver donc, avec des mesures de rigueur à appliquer à un pays peu enclin à payer plus d'impôts pour gagner toujours moins d'argent.

Et avec tout ça, un sentiment d'amertume et de honte à l'idée d'avoir perdu une souveraineté nationale durement acquise après l'indépendance du pays, en 1922. La jeune république d'Irlande (proclamée en 1949) ne se remet toujours pas du coup du FMI et de la BCE.

Quant à la crise économique qui n'en finit pas de ronger le pays... on n'en parle même pas.

vendredi 21 janvier 2011

La corne de brume... c'est fini.


Entrée du port de Cork (pour le frisson)


Le 10 janvier 2011, un grand pas a été franchi en Irlande : on a supprimé la corne de brume des phares de la côte.

Et tant qu'on y était, on s'est même demandé si on allait continuer à allumer toutes ces tours éparpillées le long du littoral - et qui ne servent plus guère maintenant qu'à attirer les touristes.


Entrée du port de Cork (pour la musique).


Pourtant, il est plutôt rassurant de les entendre et de les aperçevoir à travers les brusques levées de brouillards qui se plaisent à cacher les roches aux bateaux alentours.

Mais le gouvernement et la technologie moderne en ont décidé ainsi : plus de cornes, plus de phares - seulement des radars et autres outils ultra-perfectionnés.


Un petit dernier (pour la route).

mardi 11 janvier 2011

Irlandais et émigration

La crise est là.  L'Irlande ne s'en sort plus. Et les Irlandais (re)découvrent les pauvres joies de l'émigration..

Le mot fait toujours frissonner les anciens. Ils se souviennent de ces années d'enfance, sans père. Un père parti au loin gagner un peu d'argent - de quoi nourrir les cinq ou six enfants restés en Irlande, avec leur mère.

Ces vies, passées à attendre l'absent, on  les avait enterrées dans un passé dont on ne voulait plus.  Mais le passé est revenu.

Après Noél, l'aéroport de Dublin s'est empli d'une nouvelle rumeur. Des cris, des pleurs, des chuchotements. Des valises, lourdes des petits objets trop personnels pour les laisser derrière soi. Des mères et des pères aux yeux rougis, des oncles et des tantes aux mains tremblantes et, parfois, des mamies et leur papy qui ne retiennent plus leurs larmes.

Les petits  vont partir. Ils n'ont plus le choix.

Durant les terribles années 1980, au taux de chômage de 18 p.cent, le rythme de l'émigration en l'Irlande était le plus élevé d'Europe - avec 70, 600 personnes quittant le pays chaque année. En avril 2010, le taux d'émigration était quasi-comparable, avec 65.300 candidats à l'émigration pour un taux de chômage de 13, 8 p.cent.

La différence entre ces deux chiffres tient dans l'origine des nouveaux émigrés. En 1989, la totalité d'entre eux étaient irlandais. En 2010  27, 700 sont irlandais, 19, 900 sont d'anciens immigrés d'Europe de l'Est, repartis dans leur pays d'origine, et les autres viennent de pays non-européens.

Les chiffres peuvent donc paraître pire que ne l'est la réalité. Des experts affirment ici que la situation est, pour le moment, loin d'être celle des années 1980.

Pourtant, les jeunes Irlandais s'habituent à l'idée d'une émigration - subie ou choisie. Et c'est là une des caractéristiques de la culture irlandaise - l'héritage d'un lourd passé post-colonial.

Durant le désormais fameux Tigre celtique, de nombreux Irlandais ont continué à choisir de partir. Ils sont tous revenus,  fortune faite, dans un pays en pleine expansion, pour y tenter de nouvelles expériences. Les nouvelles générations ne font donc que reprendre le même chemin - poussées cette fois par une crise économique qui ne lâche pas prise.

Mais l'état d'esprit de ces nouveaux émigrants est différent de celui de leurs grand-parents. Elevés dans une période faste, ils ont bénéficié des meilleures études et ont choisi leur métier avec rigueur. Leurs désirs et leurs envies ne correspondent plus vraiment à la situation qu'ils doivent désormais affronter. Et les pays qui les accueillent doivent apprendre que les Irlandais ont maintenant des exigences.

Au pays, les lycéens savent déjà qu'après leur Leaving Cert (baccalauréat), ils devront partir pour construire une vie.
Les lycéens ont compris plus vite que leurs grands frères, encore plongés dans leurs rêves de tigres perdus.