mercredi 14 décembre 2011

L'Irlande à l'heure allemande



Cette vidéo fait le tour des réseaux sociaux irlandais. Elle pastiche l'intervention télévisée du Premier ministre irlandais, Edna Kenny, qui s'est adressé à la nation irlandaise, la semaine dernière.

Evénement rarissime en Irlande : écouté par la majorité du pays, le Premier ministre a dû annoncer de nouvelles mesures d'austérité et expliquer pourquoi il était nécessaire de réformer le pays.

La vidéo tourne en boucle, en ce moment, en Irlande. Elle laisse entendre ce que beaucoup pensent tout bas ici : le gouvernement irlandais n'a d'autre choix que de suivre des directives dictées par une voix à fort accent allemand...

La vidéo se termine sur une envolée patriotique, en appelant aux grands révolutionnaires irlandais du début du 20e siècle (Michael Collins, entre autres)...

En anglais (et en allemand...)

mardi 13 décembre 2011

Un conte irlandais


C'est un véritable conte de noel que relate le Irish Times dans son édition d'hier. L'histoire de deux fantômes irlandais, qui apparaissent soudain, dans une exposition de photos du Jardin du Luxembourg, à Paris.

L'histoire remonte à 1991, lorsque Olivier Martel, le photographe exposé l'été dernier aux grilles du Luxembourg, prend en photo deux vieilles dames à l'Abbey Theatre de Dublin. Sous l'oeil attentif du poète irlandais WB Yeats, elles sont en pleine conversation. Elles ne remarquent absolument pas le photographe français. Juste le temps d'un entracte.

Lorsque le célèbre architecte dublinois, Allen Smith, se retrouve face à ce portrait, alors qu'il rend visite à ses petits-enfants à Paris, il éprouve une telle émotion qu'il en pleure sous le choc. C'est qu'il vient de voir deux fantômes surgis du passé : sa mère et sa tante, toutes deux décédées depuis.

Olivier Martel se souvient avoir pris la photo de ces deux dames respectables, parlant entre elles, avec WB Yeats comme témoin. Il explique ne pas les avoir interrompu, pour garder la magie du moment. Lorsqu'on lui a demandé de faire une compilation de ses photos de femmes à travers le monde, et de les rassembler sous le titre "Femmes éternelles", il a immédiatement pensé à elles.

Et c'est ainsi que l'architecte dublinois et grand promoteur de jazz en Irlande, Allen Smith, a pu revoir sa mère, le temps d'une exposition, bien vivante, entre une procession de Bretonnes aux coiffes de dentelles et des jumelles américaines réunies en convention.

A Terrible Beauty is Born...

mardi 6 décembre 2011

Ballymun Lullaby, le film


Dublin a son "quartier nord", comme Paris a ses "quartiers". Et dans le quartier nord de Dublin, il y a Ballymun.

Construit dans les années 1970, l'endroit est surtout connu pour ses barres de béton, ses logements sociaux, sa misère humaine et sa mauvaise réputation.

D'après le recensement de 2006, ils sont un peu plus de 22.000 à y habiter. Les tours les plus mal en point sont parfois détruites à grand renfort d'explosifs. Le trafic de drogue y fait figure de commerce équitable. Et les bébés y poussent, tant bien que mal.

Et c'est dans ce quartier, où le désespoir le dispute à la violence, qu'un enseignant habité par la foi a décidé, il y a une quinzaine d'années, d'y enseigner gratuitement... la musique.

Une idée révolutionnaire dans un pays où les écoles de musique municipales n'existent pas - et où 1 heure de solfège ou d'instrument coûte 20 euros aux parents (qui peuvent aussi choisir le forfait de 5 semaines pour seulement 60 euros)...

A Ballymun, on ne fait pas n'importe quelle musique, non : la grande, la vraie. Grâce à Ron Cooney, les jeunes de Ballymun ont intégré un autre monde - où la beauté peut faire entendre sa petite voix et, peut-être, arriver à faire reculer la fatalité.

Un jeune réalisateur irlandais, Franck Berry, vient de tourner un film-documentaire sur cette incroyable expérience humaine. Le film sortira dans les cinémas de Dublin, à partir du 16 décembre.

Il a déjà reçu de nombreuses récompenses. Et le très sérieux Irish Times lui a même décerné un sobre "excellent" dans ses colonnes "cinéma".

dimanche 4 décembre 2011

Le Budget 2012 pour l'Irlande au Bundestag


La nouvelle a fait le tour des médias irlandais et britanniques dès la mi-novembre : le Budget pour 2012 de la république d'Irlande a d'abord été donné à lire au Parlement allemand avant d'être soumis aux députés irlandais.

La bombe a été lancée par le très sérieux quotidien national The Irish Times puis rapidement relayée par RTE, la radio-télévision nationale, le Financial Times et la BBC.

Le Budget pour 2012 doit être présenté au Parlement irlandais le 6 décembre et devrait présenter les nouvelles mesures d'austérité prévues par le plan d'aide FMI-UE pour économiser 3, 8 milliards d'euros sur l'année 2012 et 3, 5 milliards d'euros sur 2013. Le Budget devrait également prévoir une hausse de la TVA (21% actuellement) pouvant aller jusqu'à 23%.

Le Irish Times précise qu'un document portant sur la hausse de la TVA a bien été soumis à la Commission des finances du Parlement allemand afin d'y être approuvé.

Le Premier ministre irlandais a répondu aux médias en affirmant "n'avoir aucune idée" sur la façon dont le document s'est retrouvé au Parlement allemand. On avance même l'idée d'une "fuite" dans l'entourage gouvernemental. Les officiels tentent de calmer tout le monde en précisant qu'il ne s'agissait de toute façon que d'un projet.

Tout cela n'est certainement pas fait pour rassurer les Irlandais au sujet de  la souveraineté de l'Etat irlandais.

vendredi 2 décembre 2011

Astérix en Irlande

Le tournage en Irlande du film Astérix au service de sa majesté ... avec les moucherons irlandais en guest stars !

Obélix-Depardieu s'en tire plutôt bien :

mercredi 30 novembre 2011

Crise et profits (pour certains)

Un article du journaliste irlandais John Waters, paru dans le Irish Times du 29 novembre, pointe du doigt les incohérences de la crise actuelle. Le journaliste se pose même la question de savoir s'il existe bien encore, en Irlande, la notion collective de "pays" et de "société".


Il se base sur une publicité récente pour une compagnie en ligne, spécialisée dans les investissements juteux : "L'euro est peut-être au bord de l'implosion mais pas vos profits." On pouvait encore voir cette publicité, il y a quelques jours, sur le site Internet du Irish Times lui-même -  en face des articles sur les difficultés des ménage irlandais ou la hausse spectaculaire du chômage chez les hommes de 25-45 ans.

Ainsi, comme le souligne John Waters, la désastre économique et social que vit actuellement l'Irlande n'empêche en rien les affaires de tourner - et de promettre de juteux bénéfices aux petits malins qui sauront en tirer profit avant les autres.


Editos, courriers des lecteurs, reportages : tout est fait par les médias pour rappeler le naufrage irlandais. Pourtant, dans ces mêmes pages, les "marchés" sont toujours aux aguets, guettant leurs futures proies - sans même s'en cacher.

John Waters en arrive alors à se demander si le concept de "nation", tous unis autour de l'idée d'un "nous", existe toujours en Irlande. La communauté nationale est-elle toujours unie pour lutter contre les difficultés liées à la crise mondiale ou bien est-elle divisée entre ceux qui paieront le prix fort et ceux qui en tireront de larges bénéfices ?


Le journaliste du Irish Times termine son exposé sur une note plutôt pessimiste et, au final, très "irlandaise" dans son fatalisme. Selon lui, le terme "économie" ne recouvre plus maintenant que les intérêts divergents de joueurs cherchant à sortir vainqueurs d'un jeu qui régit aussi la vraie vie de vrais gens. Quelles qu'en soient les conséquences sociales et humaines.

Sources : Presseurop - Irish Times

mardi 22 novembre 2011

Irish, la langue oubliée

Qui parle encore l'irlandais en Irlande ? Les écoliers ? Oui. Les étudiants ? Certains. Les citoyens ? Très peu - voire aucun. Sauf s'ils habitent dans l'Ouest, dans le Gaeltacht.

Pourtant, la langue est toujours enseignée (c'est même une matière obligatoire à l'école primaire) - et on doit savoir la parler si on veut devenir fonctionnaire d'Etat.

Mais la langue gaélique se laisse peu à peu oublier par son propre peuple qui lui préfère celle des anciens vainqueurs, plus porteuse d'avenir.

Juste un petit tour au pays des Gaels - pour le craic :



Et plus authentique :

mercredi 9 novembre 2011

L'extraction de gaz de schiste en Irlande

Une campagne nationale contre l'extraction de gaz de schiste en Irlande commence à s'organiser alors que le gouvernement irlandais autorise toujours l'utilisation de cette technique sur son territoire.

Les deux points rouges sur cette carte indiquent le centre de vastes zones de prospection et d'extraction (source : Sinistre gaz-de-schiste)

Tout a commencé en février 2011 lorsque l'Etat irlandais a permis à deux compagnies pétrolières, l'une irlandaise, l'autre australienne, d'effectuer des recherches de gaz naturel en Irlande. Les premières études de terrain laissaient en effet présager de très bons résultats. Dans la foulée, la permission de prospecter a aussi été donnée à une troisième compagnie, britannique cette fois.

Les prévisions ont été confirmées. Il existe bien une large réserve de gaz naturel en Irlande. Elle se situe à l'ouest de l'Irlande, la partie la plus  sauvage et la plus authentique du pays. La zone s'étend de Sligo au comté de Clare en passant par le bassin du Lough Allen.

Pour les autorités irlandaises, il s'agit maintenant de chiffrer les réserves exactes de gaz naturel et, surtout, de connaître le pourcentage de ce qui pourra être extrait du sous-sol. Ce processus pourrait prendre deux ans et demi - selon certains experts.

Dans la région du Lough Allen la présence de gaz naturel est connue depuis plusieurs décennies. Le premier puits de forage y est apparu il y une cinquantaine d'années. Mais les techniques utilisées n'ont jamais permis la commercialisation de cette ressource naturelle sur une vaste échelle.

La technique d'extraction de gaz de schiste (qui consiste à infiltrer un cocktail chimique dans les puits forés afin de fracturer la roche et libérer le gaz) change toute la donne.

Et c'est bien ce qui fait peur aux populations locales et à certains élus. Outre les dommages sur les sites eux-mêmes, les dangers et les risques pour la santé publique sont mis en avant par les anti-fracking (extraction de gaz de schiste).

La campagne irlandaise anti-fracking s'appuie en effet sur les désastreux exemples américains (voir video) et l'interdiction en France de cette technique depuis juin 2011.
Gasland - United States

mardi 8 novembre 2011

L'Irlande décryptée par Radio France International

Carrefour de l'Europe, une émission de RFI avec le correspondant du Irish Times à Paris, un professeur de Trinity College à Dublin et un journaliste de Presseurop :









vendredi 4 novembre 2011

Le bon élève irlandais et la crise grecque

Qui aurait cru que la crise que traverse actuellement la Grèce affecterait le bon élève qu'est devenue l'Irlande en Europe ?

C'est pourtant bien ce qui se passe après l'annonce-surprise du premier ministre grec d'un référendum portant sur le plan d'aide européen à la Grèce.

Depuis, les événements se sont précipités en Grèce mais la situation reste la même pour l'Irlande : malgré tous les efforts fournis depuis près de trois ans, les félicitations récentes du FMI et de l'Union européenne et une croissance positive ce semestre, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a décidé de bloquer les fonds promis à l'Irlande.

Le FESF a décidé d'attendre que le calme revienne et que les marchés se stabilisent avant de procéder à l'émission obligataire de 3 milliards d'euros nécessaire pour financer l'aide à l'Irlande.

Le Fonds avait déjà procédé à une émission obligataire en janvier 2011 pour lever 5 milliards d'euros destinés à l'Irlande. Le FESF doit financer 17,7 milliards d'euros pour aider l'Irlande - le reste venant de l'Union européenne et du FMI.

Le bon élève paierait-il pour les autres ? Les Irlandais ont en bouche comme un goût de feta amère.

samedi 29 octobre 2011

Nouveau président d'Irlande


Ei l'Irlande a un nouveau président : Michael D Higgins, poète, membre du Labour Party - et 9e président de la République d'Irlande.

mercredi 26 octobre 2011

Elections présidentielles

Demain sera un grand jour : après 14 ans passés à la présidence de la République d'Irlande, Mary McAleese passera la main à l'un des sept candidats actuellement en lice pour le poste suprême.

Sept candidats : du jamais vu en Irlande. Et pas n'importe lesquels ! Parmi eux, on peut noter quelques "cas" :

- David Norris, homosexuel déclaré et assumé (un comble pour un pays qui interdit toujours l'avortement et où il était encore difficile de trouver des préservatifs il y a à peine 15 ans), né au Congo, protestant.

- Martin McGuinness, ancien responsable de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), dont le rôle dans plusieurs meurtres pendant l'époque des "Troubles" reste toujours un sujet délicat à aborder.

- Dana Rosemary Scallon, ancienne chanteuse de pop music et gagnante à l'Eurovision de 1970, anti-divorce, anti-avortement et anti-contraception - et euro-sceptique.

- Michael D. Higgins (plus connu sous le nom de Michael D), poète, membre du Labour Party, ardent défenseur de la République d'Irlande.

- Sean Gallagher, ancien présentateur à la télévision nationale RTE, soutenu par le pouvoir en place pendant près de 20 ans, un des plus jeunes candidats. Il a décidé de ne pas utiliser d'affiches pour sa campagne, estimant que ce n'était que "gaspillage de l'argent du contribuable".

Le scrutin aura lieu demain, jeudi 27 octobre 2011. Les résultats ne seront connus que dans quelques jours, le mode de scrutin en Irlande étant extrêmement compliqué : scrutin "alternatif" quasi-impossible à expliquer pour les non-initiés.

La fonction présidentielle en Irlande relève surtout du rôle de représentation. Le chef de l'Etat est élu pour 7 ans, renouvelable une fois.

Tous les pouvoirs exécutifs sont confiés au Premier ministre (Taoiseach). Le gouvernement gère toutes les affaires de l'Etat et la Chambre des représentants (Dail Eireann, la Chambre basse du Parlement)  gère celles du gouvernement.

Ainsi, l'Assemblée choisit le nouveau Premier ministre - qui est alors nommé par le (la) président(e) de la République. Même pour ses discours publics, le chef de l'Etat doit d'abord obtenir l'autorisation du gouvernement.

Le seul pouvoir que la Consitution de 1937 lui reconnaît est celui de refuser de dissoudre l'Assemblée (en cas de désaccord avec le gouvernement). Ce qui oblige alors le Premier ministre à démissionner puisque la Constitution irlandaise lui refuse le droit de rester à son poste s'il perd sa majorité à l'Assemblée.

C'est la première fois qu'autant de candidats se présentent pour la présidence de la République d'Irlande. Les sondages prédisent déjà que trois candidats seraient en tête : Norris, Higgins et enfin Gallagher.

A suivre.

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vendredi 21 octobre 2011

Compliments pour l'Irlande

Décidément, les compliments pleuvent sur l'Irlande en ce moment. Alors que le reste de l'euro-zone est en ébullition, les Irlandais reçoivent des félicitations de partout.

En juillet, c'était le FMI et les grandes institutions internationales. Aujourd'hui, c'est l'Union européenne elle-même qui vante les vertus des différents plans d'austérité irlandais.

Pragmatiques, décidés à payer leurs dettes accumulées pendant les années glorieuses du Tigre celtique, les Irlandais commencent à voir la lumière poindre au bout du (long) tunnel.

Les chiffres de la croissance sont meilleurs que ceux annoncés et les grandes compagnies internationales continuent à s'installer sur le sol irlandais.

Multinationales pour ordinateurs ou produits chimiques et pharmaceutiques, Google, Facebook, Intel, Twitter, tous ont opté pour l'Irlande. La langue anglaise d'abord, puis le taux d'imposition sur les société les ont décidé à rester en dépit des difficultés financières et bancaires du pays.

L'Irlande est toujours la tête de pont entre l'Amérique et l'Europe - comme les Irlandais se plaisent à se considérer.

Mais les problèmes de l'Irlande sont loin d'être tous résolus. Et le plus important d'entre eux reste le taux de chômage, qui atteint maintenant un peu plus de 14 % - après avoir flirté avec les 4 % pendant les années fastes. Il faut souligner que le chômage de longue durée, qui avait quasiment disparu de l'île, explose depuis deux ans.

La consommation intérieure est quasiment atone. Les petites entreprises ferment leurs portes les unes après les autres et le marché immobilier est toujours inerte.

L'émigration a repris et les jeunes générations partent sitôt leurs diplômes en poche : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande ou Afrique du Sud sont désormais leur nouvelle porte de sortie. Ce sont 40.000 jeunes Irlandais qui ont quitté le pays en 2010 - sur une population d'à peine 4 millions.

Et maintenant, un problème de plus se pointe à l'horizon : la crise européenne. Et ça, les Irlandais ne savent pas faire. Comment gérer les problèmes intérieurs si  le risque vient de l'extérieur ?

lundi 17 octobre 2011

Les juges perdent leur perruque


L'austérité aura eu raison d'une tradition vieille de plus de 350 ans, qui avait pourtant su résister à l'indépendance de l'Irlande en 1922.

Les juges irlandais ont perdu leur perruque ! Le Comité du règlements des tribunaux supérieurs a décidé, jeudi 13 octobre 2011, de mettre fin à l'obligation pour les juges de porter perruque.



La tradition de la perruque était l'une des dernières marques de l'empire colonial britannique sur l'île d'Emeraude, et remontait à 1660.

Mais la décision de faire disparaître ce vestige colonial a moins à voir avec l'Histoire qu'avec les mesures d'austérité actuelles que connaît le pays.



Il faut dire que chaque perruque de juge valait 2.200 euros - et se retrouvait souvent sur leurs notes de frais.

jeudi 13 octobre 2011

Encore plus d'austérité

Après avoir reçu les compliments du FMI, l'Irlande vient de s'entendre dire qu'elle doit faire encore plus d'efforts en matière d'austérité.

Cette fois, la recommandation vient d'un organisme irlandais indépendant, le Conseil consultatif budgétaire irlandais (IFAC), créé en juin dernier et dont la mission est de conseiller le gouvernement irlandais en matière budgétaire.

Ainsi donc, les Irlandais doivent se préparer à resserrer leur budget, déjà réduit à la portion congrue pour beaucoup.

L'IFAC vient de rendre son rapport et ses conclusions sont claires : l'Irlande doit économiser 4,4 milliards d'euros en 2012. Plus que les prévisions annoncées de 3,6 milliards.

Le plan d'aide de 85 milliards d'euros conclu en 2010 avec le FMI et l'Union européenne prévoyait  déjà la réduction du déficit budgétaire irlandais - qui avait atteint 32% du PIB en 2010 en raison du sauvetage des banques irlandaises.

Le nouveau Conseil consultatif demande au gouvernement irlandais de ramener le déficit budgétaire à 8,4% du PIB pour 2012 (au lieu des 8,6% prévu initialement dans le plan d'aide).

L'IFAC recommande également d'atteindre un déficit des dépenses publiques de 1% seulement en 2015, alors que le plan d'aide prévoyait, lui, un déficit de 2,8%.

Le gouvernement irlandais doit présenter son projet de budget pour 2012 à la fin du mois. Parallèlement, la campagne électorale pour les prochaines élections présidentielles, qui auront lieu le 27 octobre, bat son plein.

L'année qui s'annonce risque bien d'être mouvementée pour les Irlandais. Car, même si la présidence de la République d'Irlande a un rôle plus honorifique que politique, le changement de titulaire de la charge risque bien de provoquer un réel tournant dans la vie politique du pays.

mardi 11 octobre 2011

Budgets d'austérité et santé publique

Le contre-coup des différents budgets d'austérité qui ont permis un léger rebond économique en Irlande ont un coût social évident.

Le pays souffre en silence. On ne se plaint pas. On paie ses dettes - ou du moins on s'y efforce.

Les efforts énormes demandés aux Irlandais au cours de ces trois années de crise ont eu un impact immédiat sur leur santé. Dans les rues irlandaises, vous ne verrez pas d'enfants aux lunettes de couleur ou à l'orthodontie parfaite.

La plupart de ceux qui payaient jusqu'ici une assurance-maladie privée ont dû, bon gré mal gré, s'en passer. L'Etat rembourse bien les dépenses de santé mais au minimum. Ce qui ne garantit absolument pas une bonne prévention lorsque l'on sait qu'une simple consultation chez un généraliste coûte 60 euros.

Le reportage de Arte (février 2011) ci-dessous montre à quel point le pays va mal :

L'Irlande en croissance

Enda Kenny, premier ministre irlandais




Doucement mais sûrement, dans le calme et le pragmatisme, l'Irlande remonte petit à petit la pente. Ce n'est pas pour autant que les Irlandais, peuple sage et réaliste, vont se mettre à hurler leur joie dans les rues et sauter au plafond.

Ils savent que beaucoup reste à faire. Ils savent aussi qu'après la folie des années "Tigre celtique" qui leur colle aux semelles, le mieux qu'ils puissent faire est de rentrer la tête dans les épaules. Et attendre - comme toujours.

Ainsi donc, les statistiques officielles publiées le 22 septembre 2011 nous annoncent l'augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 1,6% au deuxième trimestre, par rapport au premier. Ce qui nous fait une croissance du premier trimestre revue à la hausse de 1,9% (contre 1,3% dans la première estimation).

C'est donc (beaucoup) mieux que la Grèce et le Portugal. Et beaucoup mieux que les autres pays européens qui revoient leur croissance à la baisse.

Le FMI et les marchés ne s'y trompent d'ailleurs pas. En juillet déjà, l'Irlande avait reçu les félicitations du Fonds monétaire international. Et les taux des obligations pour l'Irlande sur dix ans se trouvent désormais autour de 8,5% (contre plus de 13% en juillet).

Des exportations en hausse et le plan d'aide de 85 milliards d'euros conclu avec le FMI et l'Union européenne peuvent expliquer ce rebond prudent de l'économie irlandaise.

Mais les Irlandais préfèrent ne pas crier victoire trop tôt - et se contentent d'une prévision de croissance sur l'ensemble de 2011 très serrée. Le pays reste fragile. En témoignent le marché immobilier toujours gelé et la consommation intérieure quasi-inexistante.











lundi 10 octobre 2011

L'Irlande se rebiffe

Le ministre irlandais de l'agriculture, Simon Coveney, l'a dit clairement lors d'une interview donnée le 3 octobre 2011 au média français Challenges : l'Irlande ne compte pas réduire son impôt sur les sociétés.

Le jeune politicien de centre-droit, ex-député européen, fils de ministre, répond posément aux questions portant sur la situation économique stabilisée de son pays - qui a reçu dernièrement les félicitations du FMI.

Ainsi, la croissance du pays est plus forte que prévue - grâce notamment aux exportations de produits agricoles irlandais. L'Irlande exporte 85% de sa production agricole dont 60% vers la France. Le ministre explique que les ventes vers la France se sont accrues de 26% sur les six premiers mois et devraient encore s'accroître de 15% au cours du second semestre.

"La France est un partenaire privilégié pour nous" tient-il à souligner. Les produits importés d'Irlande sur le marché français sont le boeuf, l'agneau, les produits de la mer et les produits laitiers. La France exporte vers l'Irlande essentiellement des plats préparés, du vin et du pain.

Le jeune ministre de l'agriculture souligne également que les progrès de l'Irlande en matière de croissance économique interviennent après trois années particulièment éprouvantes pour les Irlandais. Mais, "les Irlandais sont des gens réalistes" et pragmatiques. Si la situation est meilleure que prévue, ils savent que de gros efforts restent encore à faire pour redresser la barre.

Et c'est pourquoi, comme tient à le dire fermement le nouveau ministre irlandais de l'agriculture, l'Irlande ne baissera par son impôt sur les sociétés qui lui permet toujours d'attirer de grosses compagnies américaines sur son sol.

Et de conclure : "Ce n'est pas Sarkozy qui décide. La fiscalité est du ressort des Etats".

mardi 4 octobre 2011

Energies renouvelables : une chance pour l'Irlande

Un rapport publié en mai 2011 par l'ambassade de France à Dublin (auteur Laetitia de Cazenove) souligne l'importance des énergies renouvelables pour l'Irlande en cette période de crise économique, financière et énergétique.

L'auteur du rapport rappelle que l'Irlande est un pays extrêmement dépendant en matière d'énergie puisqu'elle importe pétrole, charbon et gaz naturels.

Cependant, le rapport annonce que les objectifs du gouvernement irlandais sont de trois ordres : sécurité de l'approvisionnement, compétitivité des coûts et protection de l'environnement.

Pour ce faire, l'Irlande parie sur les énergies renouvelables. Ainsi, le gouvernement irlandais a lancé un National Renewable Energy Action Plan pour dynamiser les implantations de fermes éoliennes sur tout le territoire. Le gouvernement entend atteindre avec ce plan 36,4 % de la demande en électricité, d'ici 2020.

Le vent est donc la meilleure ressource de l'Irlande en matière d'énergies renouvelables. Mais ce n'est pas la seule : selon le rapport, les ressources en matière de vagues (côte ouest du pays) représentaient, en 2006, 75% de la demande totale en électricité.

De plus, l'Irlande possède des ressources en matière d'énergie marémotrice. L'objectif du gouvernement irlandais est de développer, pour 2020, ces énergies marémotrices et houlomotrices - et de produire 12% de son électricité à partir d'éoliennes off-shore.

Le rapport de l'ambassade de France en Irlande se termine sur une note résolument positive. Il prévoit que le pays pourrait, à moyen terme, devenir une "grande puissance mondiale exportatrice d'électricité". Comme le souligne l'auteur, l'Irlande a déjà raccordé son réseau national avec d'autres pays (UK, Ecosse ou les pays du Nord de l'Europe) et pourrait faire encore mieux dans les prochaine années.


mercredi 28 septembre 2011

Conduire à l'irlandaise

Conduire en Irlande. Comment décrire ces moments d'extase et de zénitude ? Comment raconter les mots d'oiseaux (en français, c'est plus prudent) et les gestes pas trop gracieux (latin blood, so exotic) du conducteur français sur une route irlandaise ?

Il suffit de s'installer derrière un volant pour comprendre.



Première règle à retenir : toujours s'attendre à l'inattendu (Always expect the unexpectable).

En Irlande, chacun peut demander à la Garda Station (Police) une autorisation de permis provisoire, pour une durée de deux ans. En clair : après avoir passé un test théorique minimal du Code de la Route, on vous donne un petit papier qui vous permet d'acheter votre voiture et de partir sur les routes d'Irlande, bannière au vent.

A partir de là, tout peut arriver. Conducteurs français, oubliez tout ce que vous avez appris. Le but du jeu en Irlande est d'éviter les autres voitures. Le reste n'est que bla-bla.

Ainsi, sur une belle route droite, vous voyez se profiler à l'horizon une intersection avec un panneau Stop pour ceux qui arrivent de leur ferme. Vous pourriez penser que le conducteur marquera bien son stop et arrêtera son auto... Que nenni ! Il ralentira certes bien un peu mais continuera sur sa lancée.

Autre exemple : les demi-tours sur la route (mes préférés). A toute heure et en tous lieux, on vous fera la démonstration de magnifiques demi-tours juste devant vous - ne vous laissant que le temps d'écraser votre pédale de frein.

Les limites de vitesse ? Si vous avez l'envie saugrenue de les respecter, bon courage. Avec un petit 50 à l'heure en ville, on jouera aux auto-tamponneuses avec vous. Avec un 80 à l'heure sur une petite route de campagne sinueuse, toute l'Irlande vous dépassera en vous faisant de grands signes de la main - merci ou coucou, on ne sait pas très bien.



Sur une même route, vous pouvez voir un panneau indiquant 80 à l'heure, puis, à quelques mètres d'intervalle, un autre marquant 60. Que s'est-il passé entre ces quelques mètres pour que l'on décide de ralentir la vitesse des voitures ? Mystère.

De toute façon, tout le monde s'en fiche. Ici, on roule soit à 40 à l'heure (la Vieille Irlande), soit à 150 (la Nouvelle Irlande). Entre les deux : vous.

Et cahin-caha, en essayant de deviner ce qui arrive en face de vous, malgré les talus non défrichés et les nids-de-poule gigantesques, vous arriverez presque toujours à bon port.

Car il faut le souligner :  le conducteur irlandais est avant tout urbain. Il vous laissera passer s'il vous voit perdu au milieu de panneaux indicateurs trop petits pour être lus à 60 km/heure - ou se rangera pour que vous puissiez le doubler en pleine ligne continue.

En passant, il n'oubliera pas de vous faire un large geste de la main. Bonne route !

mardi 27 septembre 2011

Imelda May, sauce rockabilly


Il y a quelque chose de nouveau au royaume des ballades et des lutins verts. Une pin-up au look fifties et à la banane triomphante est en train de faire exploser les hit-parades.

Imelda May, née à Dublin en 1974, révolutionne le genre musical de l'Ile Verte et impose un style plutôt décoiffant.

Le rockabilly est de retour - version féminine de choc. Avec en plus une pointe de piment jazzy.

Gare à ceux qui ne suivent pas !

Imelda May sera en concert à La Cigale, Paris, le 26 octobre 2011.

samedi 6 août 2011

Comment va l'Irlande ?

Et l'Irlande dans tout ça ? C'est quand même le premier pays à avoir été mal noté par les "agences de notation". Où en sont les Irlandais ?

Les anciens Celtes avaient coutume de dire (paraît-il) que pour assurer la paix sociale, il fallait payer ses dettes. C'est donc ce que les Irlandais de 2011 s'efforcent de faire. Même si la plupart d'entre-eux n'ont jamais entendu parler de cette histoire d'anciens Celtes et de leur paix sociale.

Toujours est-il qu'ils assument bel et bien les erreurs commises pendant ces dix années de gloire économique qui, après les avoir portés au pinacle du monde merveilleux du libéralisme pur et dur, les a précipités dans les tréfonds de la récession et de son cortège de bulles éclatées.


Baisse des salaires de 14,5 % et aucun départ à la retraite remplacé dans le secteur public, consommation intérieure quasi-nulle, pas de crédit pour les petites entreprises, taux de chômage qui atteint les 14 %... Même le gouvernement donne l'exemple en réduisant les salaires des ministres et des cabinets. Les coupes budgétaires sont drastiques et touchent principalement le secteur social et celui de l'éducation.

Tous les efforts sont mis sur la recherche et l'exportation. Des structures sont mises en place pour favoriser l'essor de ces deux secteurs. De même, le gouvernement vient de décider d'augmenter le salaire minimum de 1 euro - après l'avoir diminué pour le ramener à un taux inférieur à celui de la France. Il est à noter que le salaire minimum en Irlande était bien supérieur au SMIC français pendant toutes ces années de Tigre celtique.

Quant aux banquiers, qui ont mis le pays dans cette situation plus que précaire avec leur politique de crédit à tout va et d'argent facile, ils doivent maintenant payer à leur tour pour les erreurs commises.

Aucun d'entre eux n'est resté à son poste. Certains sont même poursuivis devant la justice. La Banque centrale d'Irlande a un nouveau directeur. Et c'est l'Etat qui assure le fonctionnement de tout le système bancaire irlandais, confronté à d'énormes problèmes de solvabilité.

L'agence de notation Moody's a encore baissé la note de l'Irlande - en précisant que le pays aura bien du  mal à revenir sur les marchés en 2013.

Mais les Irlandais y croient encore. Et s'attellent à payer leurs dettes en serrant les dents. Ils ne sont pas du genre à défiler dans les rues en criant à l'injustice - même s'ils y pensent très fort. Ils savent qu'ils ont joué gros pendant l'euphorie irlandaise - et qu'ils ont perdu.

Le temps est venu de payer ses dettes. On est celte ou on ne l'est pas...

mercredi 22 juin 2011

James Joyce : où sont les pubs ?

Chaque année à Dublin, le 16 juin est un jour particulier. Les Dublinois sont fiers de fêter le Bloomsday et de marcher toute la journée sur les traces du héros de James Joyce.

Dans son livre Ulysse, James Joyce a imaginé son personnage, Leopold Bloom, marchant, toute la journée du 16 juin 1904, dans Dublin et s'arrêtant de ci, de là, dans des endroits parfois encore connus de nos jours.

A un moment du récit, James Joyce fait dire à son personnage une phrase-clé : "Good puzzle would be cross Dublin without passing a pub". Et voilà comment, pendant plus de 89 ans, des marcheurs tentent, tous les ans, avec leur livre à la main, de relever le défi.

Cette année, ils ont eu de la chance. Pendant un an, un informaticien (d'origine irlandaise) a relevé pour eux tous les pubs existants à Dublin. Il les a confrontés ensuite à un logiciel, combiné à une carte de la ville, pour enfin définir le parfait parcours Bloomsday.

Il se dit que plus d'un millier de pubs ont ainsi été répertoriés. Mais un problème reste cependant à résoudre : fallait-il compter également les bars et autre "cafés" qui fleurissent dans la capitale depuis quelques années ? Ou seulement s'en tenir aux pubs traditionnels connus de James Joyce en 1904 ?

Toujours est-il que l'informaticien s'est  maintenant mis en tête de trouver le dédale qui conduirait les nouveaux Leopold Bloom devant le plus de pubs possible - l'an prochain.

A suivre.

jeudi 2 juin 2011

Un saint aux enchères

On trouve de tout en Irlande. Pendant que certains s'affolent devant les plans d'austérité et les factures à payer, d'autres sortent leur porte-monnaie pour se payer la tête d'un saint - vendue aux enchères, samedi 29 mai.

Ce n'est pourtant pas ce qui manque en Irlande, les saints. On en trouve à tous les coins de rue - et dans les campagnes les plus reculées. Quand ce n'est pas en pleine mer. Le plus connu d'entre eux étant celui qui a chassé les serpents de l'île : saint Patrick.

Le saint qui nous intéresse a perdu la tête après sa mort (en 1370). Il s'agirait de saint Vitalis d'Assise, saint patron des parties génitales (on trouve vraiment de tout en Irlande).

Le vendeur a découvert la tête de saint Vitalis dans un de ses hangars, au fin fond du comté de Louth. A la vue du coffre ancien dans lequel elle reposait, l'heureux propriétaire a aussitôt pensé qu'il tenait là une relique.

Quant à savoir comment la tête de saint Vitalis d'Assise s'est retrouvée en Irlande, le mystère reste entier. On pense qu'elle a pu être ramenée d'Italie lors d'un tour d'Europe effectué au 18e siècle.

Saint Vitalis - avec sa tête.

Né en Ombrie, saint Vitalis est réputé avoir mené une jeunesse très libre avant de devenir moine bénédictin - afin de laver ses péchés. Laissant le monastère, il a ensuite vécu en ermite dans la région d'Assise. Après sa mort, le bruit s'est répandu qu'il avait le don de guérir miraculeusement les troubles de la vessie et les maladies génitales.

Toujours est-il que le vendeur irlandais a estimé la valeur de sa tête entre 800 et 1.200 euros - même si personne ne sait s'il s'agit bien de la tête du saint. Le mystère pourrait être pourtant rapidement éclairci grâce aux méthodes d'identification d'ADN, aux techniques médico-légales et aux données historiques.

Mais un autre mystère plane depuis la vente du 29 mai : qui s'est payé la tête du saint ?

Mise à jour au 7 juin 2011 (pour répondre à Geneline) : Une radio irlandaise a annoncé que la tête du saint a été achetée par un acteur d'Hollywood pour 3.500 euros.

Des enchères allant jusqu'à 10.000 euros ont été refusées par le vendeur qui voulait que la tête de saint Vitalis quitte l'Irlande. Pourquoi ? Personne ne sait.

PS : Je n'arrive plus à poster de commentaires en réponse...

lundi 23 mai 2011

Et Obama est arrivé

Barack Obama a fait une visite éclair - et très remarquée - en Irlande, ce lundi 23 mai 2011.

Arrivé à 9 h 30 à l'aéroport de Dublin, il s'est empressé de rendre visite à Marie McAleese, présidente de la république irlandaise. Puis, il s'est brièvement arrêté à l'ambassade des Etats-Unis à Dublin d'où il a failli ne jamais repartir - sa voiture blindée étant restée coincée sur le dos d'âne de la sortie :



L'histoire ne dit pas comment les gardes ont réussi à débloquer la situation, mais toujours est-il qu'il a réussi à rallier Moneygall, comté Offaly, dans la foulée.

Moneygall ? Un carrefour avec trois magasins, quelques pubs et une poignée de maisons aux peintures refaites pour l'occasion. Pourquoi Moneygall ? C'est là que l'arrière-arrière-arrière grand-père de Barack Obama est né, au 19e siècle - avant d'en partir pour les Etats-Unis.

Et c'est là que Barack et Michelle se sont initiés à la pinte de Guinness - avec les (lointains) cousins :



Puis le couple présidentiel est reparti sur Dublin - pour y rencontrer le gouvernement irlandais et l'assurer du soutien du peuple américain.

Enfin, le président des Etats-Unis d'Amérique s'est adressé à quelque 60.000 Irlandais venus l'écouter en agitant leurs petits drapeaux américains.

mercredi 18 mai 2011

Et la reine est venue...

L'Irlande est en train de vivre quatre jours historiques. Quatre jours qui paraissaient impossibles, voici encore quelques années.

La Reine d'Angleterre est en visite officielle en Irlande. L'ex-colonie reçoit en grande pompe le monarque d'un pays qui l'a brimée pendant tant de siècles.

Il s'agit d'un événement exceptionnel, chargé de symboles tant historiques que politiques. Il s'agit tout simplement de la première visite officielle d'un monarque britannique depuis l'indépendance de l'Irlande, en 1922.

Hier, Elizabeth II s'est rendue au Memorial of Remembrance, où les noms des héros pour l'indépendance irlandaise sont inscrits en lettres d'or.

Le Irish Times du jour relate ce moment - un moment tant attendu par les Irlandais.

L'atmosphère est lourde. Le silence empli d'émotion : "Une fanfare militaire irlandaise a entonné le "God save the Queen" ; et une cohorte de vieux fantômes, chers et gentils, fiers et austères, s'est levée et a entouré une petite dame âgée, habillée d'un joli ivoire, sage, se tenant debout, en hommage, devant une sculpture inspirée de la légende des Children of Lir et par le poème de Yeats : Easter 1916 : A Terrible Beauty is Born"


Puis, la Reine a déposé une gerbe de fleurs devant le monument. Et la minute de silence qui a suivi a été, selon la journaliste du Irish Times, d'une telle intensité que "peu parmi les présents pourront l'oublier".

Elle poursuit :"Un peu après, quelques vieux cyniques ont confessé avoir, eux-mêmes, été surpris par la profondeur de leurs propres émotions, en ces moments chargés d'Histoire".

Enfin, les tambours ont roulé tandis que le drapeau de la république d'Irlande était hissé, au son de l'hymne national irlandais.

Tout était fini.


mardi 3 mai 2011

Mariage royal ou rugby

Le mariage du couple princier d'Angleterre a fait couler beaucoup d'encre en Irlande - comme dans le reste du monde. La seule différence est qu'on y a surtout parlé du refus du plus célèbre des joueurs de rugby irlandais, Brian O'Driscoll, de se rendre à l'invitation royale.


A vrai dire, ce n'était pas vraiment un refus. Plutôt une  bonne occasion d'envoyer un message aux Britanniques - à la manière irlandaise. Compromis et larges sourires pour faire comprendre que les Irlandais ont autre chose à faire que d'assister aux mariages de princes et princesses britanniques.

Brian O'Driscoll a donc bien expliqué aux voisins (et néanmoins amis) anglais qu'il lui était ab-so-lu-ment impossible de se rendre à Londres, en ce vendredi de mariage royal. La raison : entraînement avec son équipe en préparation du match Toulouse-Leinster (semi-finale de la Coupe (Heineken) disputé le jour suivant (samedi).

Dans un souci de compromis bien irlandais, il y a quand même envoyé son actrice d'épouse, Amy Huberman, pour "représenter l'Irlande". Avant de préciser que "le prince William est un gars très sympathique, ouvert et normal. Sur le plan de la conversation avec lui et le prince Harry, tout est extrêmement normal. C'est le reste de leur vie qui est a-normal".

PS : Pour ceux qui seraient intéressés : Leinster l'a remporté 32-23.

mercredi 13 avril 2011

Energies renouvelables en Irlande


L'Irlande a beau être en crise (financière, économique et on en passe), elle continue à voir (et à penser) loin.

L'Etat irlandais s'est engagé dans une politique sur l'environnement et l'énergie - visant à donner une plus grande autonomie, à long terme, au pays.

Bien sûr, la première source énergétique qui vient à l'esprit quand on pense à l'Irlande est... le vent. Et de fait, des champs d'éoliennes commencent à parsemer le paysage irlandais - et on peut également en apercevoir quelques-unes au large de la mer d'Irlande.

Voici un extrait des Bulletins Electroniques de février 2011 résumant la situation en matière d'énergies renouvelables du pays :

"Trois rapports portant sur l'état de l'énergie et de l'environnement en Irlande ont récemment été publiés par 3 organismes différents : Eirgrid (l'entreprise d'état pour l'énergie électrique), SEAI (Sustainable Energy Authority Ireland) et ESRI (The Economic and social Research Institute).

Il ressort de ces rapports que l'Irlande serait en bonne voie pour réaliser son objectif de produire 40% de son électricité à partir d'énergies renouvelables d'ici 2020, avec une augmentation de la contribution de l'éolien de 28% par an entre 2005 et 2009.

En cas de réussite, son pourcentage d'énergie éolienne dans la demande en électricité serait le plus élevé d'Europe. Ces rapports soulignent que l'Irlande possède des ressources inexploitées parmi les plus favorables au monde en matière d'énergies renouvelables, ce qui, d'après le ministre de l'énergie, devrait permettre à l'Irlande d'être ambitieuse et de dépasser ses objectifs nationaux afin d'atteindre un niveau où elle sera en mesure d'exporter.

Cependant, l'un des rapports met en doute la capacité de l'Irlande à réaliser ses objectifs pour 2020 en termes de diminution d'émission de CO2, si elle n'a pas recours au dispositif communautaire d'échange de quotas d'émissions.

 En effet, si la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables est en bonne voie, leur utilisation dans les autres secteurs semble stagner.

Mais l'Irlande, dont la croissance du renouvelable à augmenté de 15% entre 2005 et 2009, fait montre de sa volonté de devenir leader dans ce secteur en signant avec 9 autres pays européens un mémorandum d'accord pour le projet "Super-Grid", pour lequel elle devrait piloter avec le Royaume-Unis l'un des 3 ateliers de travail intitulé "Market and Regulatory issues".

Ce projet a pour objectif de créer un réseau électrique commun au Nord de l'Europe afin de transmettre des énergies provenant de sources renouvelables intermittentes comme les vagues ou le vent."

Enfin, un peu de positif dans un pays traversé actuellement par un épais nuage de "gloom and doom".

Un pays résolument opposé à l'énergie nucléaire - et qui s'est battu bec et ongles contre ses voisins britanniques (encore) au sujet de la centrale de Sellafield.

lundi 4 avril 2011

Météo d'Irlande

Et voilà, c'est le printemps... en Irlande !

Et pour qui veut savoir comment se vêtir de bon matin avant de sortir de son cottage battu par les vents venus tout droit de la mer d'Irlande, un petit coup d'oeil sur les pages météo est indispensable.

Oui, mais voilà : la météo irlandaise n'est pas la française. Et vous pouvez, à coup sûr, prévoir vous-même, quelles seront les prévisions du jour.

Petit résumé de la semaine irlandaise :

Lundi : "Partly sunny with showers"

Mardi : "Partly sunny with showers"

Mercredi :"Intermittents clouds" (mon préféré)

Jeudi :"Partly sunny with showers"

Vendredi : "Scattered showers with sun"

Saturday :"Partly sunny with showers"

Sunday : "SUNNY" (if you're lucky)

Be happy ! You're in Ireland.

mercredi 23 mars 2011

Barack Obama au comté Offaly



Pour ceux qui en doutaient encore (j'ai reçu des plaintes), voici ce que le président des Etats-Unis, Barack Obama, verra lors de son voyage officiel en Irlande : le village de ses ancêtres irlandais.

Moneygall (comté Offaly) se prépare déjà pour le grand jour - en mai prochain.

Good luck... Barack !

vendredi 18 mars 2011

Dublin 2011 : parade de Saint-Patrick exceptionnelle

"Une parade exceptionnelle". Ce sont les termes employés par les commentateurs hier soir, surpris par le nombre d'Irlandais présents dans les rues de Dublin - pour la Saint-Patrick.

Effet de crise ?

Ils étaient 500.000 Irlandais, hier, dans les rues de Dublin. Un chiffre énorme quand on sait que la population totale de l'Irlande dépasse à peine 4 millions.

Ci-dessous une vidéo de RTE - Radio Television Eire

Six One News: St Patrick's Day parade: Dublin - Video - RTÉ News Player

Le bol de shamrock et le cousin


Le nouveau Premier ministre irlandais, Enda Kenny, est donc allé porter son bol de shamrock au cousin américain - Barack Obama.

Pour ceux qui doutaient du bien-fondé d'un tel voyage à Washington en ces temps d'austérité, Enda Kenny a rapporté un petit cadeau-surprise de son séjour américain : l'annonce d'une visite officielle du président des Etats-Unis en Irlande. En mai prochain.

Les Irlandais sont aux anges. Pensez : Barack Obama au printemps et la reine d'Angleterre en été.

Certains se posaient certes des questions sur le coût de la visite royale en terre irlandaise (surtout en matière de sécurité)... mais Barack, c'est autre chose.

C'est un cousin, après tout. N'a-t-il pas déclaré à propos de son futur voyage en Irlande : " Je pense que je ne me rendrai pas seulement sur les lieux les plus célèbres, mais aussi au village de Moneygall, là d'où vient mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père" ?

En tout cas, cette visite fait l'effet d'un énorme coup de pouce à la nation irlandaise tout entière.

Nation qui semble se réveiller en sursaut devant les difficultés à surmonter. Car, chose rarissime même pour la Saint-Patrick, ils étaient bel et bien 500.000 Irlandais dans les rues de Dublin, hier, à s'unir sur le chemin de la Grande Parade de Dublin.

lundi 14 mars 2011

Un bol de shamrock


Jeudi, c'est jour de Saint-Patrick. Le jour des Irlandais. Le 17 mars : un jour vert et orange - et un peu blanc aussi.

Et pendant que leur nouveau Premier ministre, Enda Kenny, ferraille dur à Bruxelles contre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel (après tout, il a été élu pour ça), les Irlandais, eux, se préparent pour le grand jour.

On scrute fébrilement le ciel pour savoir si le soleil sera de la partie (ou plutôt, si la pluie saura se faire oublier), on fouille les fonds de tiroirs à la recherche de la panoplie adéquate pour la parade de la ville, on sonne le tocsin, on réquisitionne toutes les écoles et les enfants qui vont avec et... on oublie le reste. Tout le reste.

La France et l'Allemagne veulent que l'Irlande renonce à son taux d'imposition de 12,5 p.cent sur les sociétés ? Lepechrauns. L'Union européenne veut une harmonisation fiscale ? Shamrock. On renâcle à alléger les conditions du plan de sauvetage financier accordé à l'Irlande ? Saint-Patrick.

Lepechraun en parade


Et cette année, on se pose de grandes questions. Car, en ces temps de crise, faut-il faire le voyage jusqu'aux Etats-Unis en serrant sur sa poitrine son bol de shamrock ?

C'est une vieille tradition. A la Saint-Patrick, l'Irlandais donne son bol de shamrock au cousin d'Amérique. Et tous les ans, le Premier ministre irlandais apporte son petit trèfle au président des Etats-Unis.

Bush et Ahern - l'ancien Premier ministre irlandais, du temps de la splendeur du Tigre celtique


Barack Obama et Brian Cowen - l'ancien Premier ministre irlandais, du temps de la récession

Et cette année ? Quelle sera la tendance ? Le nouveau Premier ministre irlandais sera-t-il rentré à temps de Bruxelles ?

Et sera-t-il encore assez vaillant pour pouvoir soulever son bol de shamrock cuvée 2011 ?

lundi 7 mars 2011

La Reine en Irlande

Les Irlandais font leur révolution en votant contre le parti-roi Fianna Fail, majoritaire dans le pays depuis les années 1930 ?

Le nouveau vainqueur Fine Gael mène des pourparlers difficiles en vue d'une coalition avec le Labour Party pour diriger la république d'Irlande ?

Qu'a cela ne tienne. Les Anglais, eux, annoncent tranquillement que leur reine viendra rendre visite à ses anciens sujets - cet été.



On peut dire que les Anglais ont le sens du timing. Bon, d'accord, Buckingham Palace répond ainsi à l'invitation de la présidente de la république d'Irlande, Mary McAleese - qui tient absolument à cette visite "pour rapprocher les deux pays".

C'est la première fois qu'un monarque britannique mettra le pied sur le sol irlandais depuis l'indépendance de l'Irlande en 1922.

Il se dit même que la reine pourrait prononcer son discours officiel au château de Dublin - ancien symbole du pouvoir britannique en Irlande et actuel siège du gouvernement irlandais.

Du coup, on en oublie (presque) la crise économique et financière qui secoue le pays. Mais, n'est-ce pas, il faut bien faire plaisir aux voisins qui viennent de vous accorder un prêt sonnant et trébuchant - pour vous aider à sortir de l'ornière dans laquelle vous vous êtes si joyeusement fourrés.

Quelques citoyens râlent bien un peu au sujet du coût d'un tel voyage (surtout en terme de sécurité, d'ailleurs) et le Sinn Fein fait bien remarquer qu'une telle visite est "prématurée", mais la pilule semble plutôt bien passer.

 Il faut dire que la Saint-Patrick approche - et on commence à se demander s'il ne vaudrait pas mieux pour les finances du pays que (une fois n'est pas coutume) Barack Obama vienne en Irlande pour la traditionnelle remise de bol de shamrock.

Alors, la Reine...

vendredi 25 février 2011

Ghost estates ou les fantômes d'Irlande


Voici à quoi ressemblent certains coins d'Irlande. Des déserts ruraux, aux marges de villes moyennes, parsemés de quelques pavillons dernier chic, qui ne souffrent que d'un seul défaut : personne n'y habite.

Avec la mort du Tigre celtique, des centaines de "nouveaux quartiers" se retrouvent à l'abandon - et leurs rares habitants avec.

Les promoteurs, qui s'étaient frotté les mains devant cette nouvelle mine d'or dans les années 2006-2007, sont vite repartis après l'éclatement de la bulle immobilière irlandaise.

Les prix de l'immobilier ont chuté de plus de 30 p.cent en six ans. Ceux qui avaient acheté une maison ne peuvent la revendre. Les banques irlandaises ont durement resserré les cordons de la bourse. Et plus personne ne peut acheter de maison.

D'ailleurs, plus personne ne veut investir dans le bâtiment. Et les chantiers, commencés pendant la période faste, en restent là où on les a laissés : à moitié finis - ou pas finis du tout.



Pendant l'hiver 2009, une jeune femme est morte de froid dans un de ces "quartiers fantômes". L'organisme qui gère son bloc d'appartements avait décrété que le chauffage coûtait trop cher pour les deux locataires qui y habitaient. Et avait coupé le gaz. Cette nuit-là, la température a chuté sous zéro - et Claire est morte, seule.

Beaucoup d'Irlandais ont cru pouvoir acheter leur maison dans ces endroits aux prix abordables. Ils ont en masse contracté un prêt immobilier - souvent sans apport personnel.

Avec la crise économique et financière que connaît l'Irlande, la plupart d'entre eux ont perdu leur emploi. Et doivent maintenant rembourser la banque pour une maison qu'ils n'habiteront jamais.



Et les rares qui pourront s'y installer n'auront de toute façon aucun magasin, aucune école, aucun médecin à des kilomètres à la ronde.

Et, en aucun cas, ils ne pourront revendre leur bien pour aller voir ailleurs - si les cieux sont plus cléments avec les miséreux.

lundi 14 février 2011

Une (autre) bonne nouvelle... pour les banques.

"Lenihan [le ministre irlandais des finances] reporte l'injection de 10 milliards d'euros dans les banques après les élections", proclame le Irish Times daté du 10 février.

Le plan de sauvetage des banques irlandaises qui, pour le moment, est doté de 50 milliards d'euros, devrait ainsi être renfloué après le 25 février prochain, date des prochaines élections générales.

Deux semaines avant le scrutin qui devrait anéantir le parti majoritaire de la coalition actuellement au pouvoir, le Fianna Fáil (jugé largement responsable de la catastrophe économique irlandaise), Mr. Lenihan fait ainsi un cadeau empoisonné à l'opposition et son futur gouvernement.

Le ministre a affirmé que la décision d'attendre la fin des élections générales avait été prise en accord avec l'Union europénne, le FMI et la BCE.

Il a déclaré : "J'applique la pratique constitutionnelle. Les choses seraient différentes si le gouvernement n'avait pas perdu sa majorité".

Les 10 milliards d'euros "devraient être prélevés sur le Fonds national des retraites", rappelle le Irish Times.

Haut les coeurs.

Source : Irish Times et Presseurop

vendredi 4 février 2011

Où es-tu Brian Boru ?

Une lectrice du Brésil, amoureuse passionnée de l'Irlande, a tenu à adresser, aujourd'hui, une lettre aux lecteurs du journal The Irish Times.

Son message est simple :   Mais où est donc passé Brian Boru ?

"The spirit of Brian Boru.



Madam, – I lived and worked in Ireland until recently. Imagine my feelings when I heard that the country I loved so much is now in such dire straits. A country once full of joy and energy has become a country full of expensive unused toys, evil spirits and negatives.

Bickering and self-serving politicians serve your country’s reputation very ill indeed. Where are the spirits of Brian Boru, the Great O’Neill and Daniel O’Connell? Of the Táin, the Celts, Lady Gregory, Wolf Tone, or the spiritual writings of Samuel Beckett, and WB Yeats? – Yours, etc,"



jeudi 3 février 2011

L'espion venait du (grand) froid


Un diplomate russe vient d'être invité, très officiellement, à quitter l'Irlande sur le champ. Les autorités irlandaises ont tenu à réagir promptement après la découverte d'un trafic de passeports irlandais, utilisés par des espions basés aux Etats-Unis.

Le ministère irlandais des affaires étrangères a affirmé que "les activités des services secrets russes liées au trafic de passeports irlandais et à l'usurpation effective de l'identité de six citoyens irlandais [dont un couple du Donegal] sont absolument inacceptables".

Le secrétaire général du ministère a, de ce pas, informé l'ambassadeur de Russie en Irlande que les accréditations officielles du diplomate fautif prenaient fin à compter de ce jour et que le-dit diplomate devait avoir quitté le territoire irlandais dans les temps indiqués.

Le gouvernement irlandais a conclu en "espérant que le pénible incident sera rapidement oublié et que les relations entre l'Irlande et la Fédération russe se poursuivront à l'avenir".

La Russie a aussitôt répliqué en clamant haut et fort que des mesures de représailles seront prises à l'encontre de l'Irlande.



Les espions de tous pays apprécient grandement les passeports irlandais - en raison du statut de neutralité de l'Irlande.

En juin dernier, le gouvernement irlandais avait déjà dû demander à Israel de rappeler un membre de son ambassade à Dublin, après le meurtre d'un officier du Hamas à Dubai par des agents à passeports irlandais.

mercredi 26 janvier 2011

Le rêve irlandais... c'est fini.

Steve Bell, dessinateur britannique, chroniqueur au Guardian.

"BCE FMI
Nous promettons de préserver les banques et les créditeurs de l'Etat au prix de vos boulots pour le temps que cela prendra" ©Steve Bell 2010


Huit ministre qui quittent le gouvernement en dix jours. Le parti des Verts qui claque avec fracas les portes de la coalition gouvernementale, jurant qu'on ne les y reprendra plus.

Un Premier ministre, Brian Cowen, qui démissionne de son poste de chef de file du parti Fianna Fail, le parti au pouvoir depuis plus de vingt ans.

Des élections générales anticipées, annoncées d'abord pour le 11 mars puis avancées au 25 février - vu l'état de catastrophe généralisée du pays.

Un budget d'austérité puissance 1000 à faire adopter par le parlement en urgence. Y compris par les partis d'opposition qui risquent bien de se retrouver au pouvoir après ces sus-dites élections générales.

Et de se retrouver donc, avec des mesures de rigueur à appliquer à un pays peu enclin à payer plus d'impôts pour gagner toujours moins d'argent.

Et avec tout ça, un sentiment d'amertume et de honte à l'idée d'avoir perdu une souveraineté nationale durement acquise après l'indépendance du pays, en 1922. La jeune république d'Irlande (proclamée en 1949) ne se remet toujours pas du coup du FMI et de la BCE.

Quant à la crise économique qui n'en finit pas de ronger le pays... on n'en parle même pas.

vendredi 21 janvier 2011

La corne de brume... c'est fini.


Entrée du port de Cork (pour le frisson)


Le 10 janvier 2011, un grand pas a été franchi en Irlande : on a supprimé la corne de brume des phares de la côte.

Et tant qu'on y était, on s'est même demandé si on allait continuer à allumer toutes ces tours éparpillées le long du littoral - et qui ne servent plus guère maintenant qu'à attirer les touristes.


Entrée du port de Cork (pour la musique).


Pourtant, il est plutôt rassurant de les entendre et de les aperçevoir à travers les brusques levées de brouillards qui se plaisent à cacher les roches aux bateaux alentours.

Mais le gouvernement et la technologie moderne en ont décidé ainsi : plus de cornes, plus de phares - seulement des radars et autres outils ultra-perfectionnés.


Un petit dernier (pour la route).

mardi 11 janvier 2011

Irlandais et émigration

La crise est là.  L'Irlande ne s'en sort plus. Et les Irlandais (re)découvrent les pauvres joies de l'émigration..

Le mot fait toujours frissonner les anciens. Ils se souviennent de ces années d'enfance, sans père. Un père parti au loin gagner un peu d'argent - de quoi nourrir les cinq ou six enfants restés en Irlande, avec leur mère.

Ces vies, passées à attendre l'absent, on  les avait enterrées dans un passé dont on ne voulait plus.  Mais le passé est revenu.

Après Noél, l'aéroport de Dublin s'est empli d'une nouvelle rumeur. Des cris, des pleurs, des chuchotements. Des valises, lourdes des petits objets trop personnels pour les laisser derrière soi. Des mères et des pères aux yeux rougis, des oncles et des tantes aux mains tremblantes et, parfois, des mamies et leur papy qui ne retiennent plus leurs larmes.

Les petits  vont partir. Ils n'ont plus le choix.

Durant les terribles années 1980, au taux de chômage de 18 p.cent, le rythme de l'émigration en l'Irlande était le plus élevé d'Europe - avec 70, 600 personnes quittant le pays chaque année. En avril 2010, le taux d'émigration était quasi-comparable, avec 65.300 candidats à l'émigration pour un taux de chômage de 13, 8 p.cent.

La différence entre ces deux chiffres tient dans l'origine des nouveaux émigrés. En 1989, la totalité d'entre eux étaient irlandais. En 2010  27, 700 sont irlandais, 19, 900 sont d'anciens immigrés d'Europe de l'Est, repartis dans leur pays d'origine, et les autres viennent de pays non-européens.

Les chiffres peuvent donc paraître pire que ne l'est la réalité. Des experts affirment ici que la situation est, pour le moment, loin d'être celle des années 1980.

Pourtant, les jeunes Irlandais s'habituent à l'idée d'une émigration - subie ou choisie. Et c'est là une des caractéristiques de la culture irlandaise - l'héritage d'un lourd passé post-colonial.

Durant le désormais fameux Tigre celtique, de nombreux Irlandais ont continué à choisir de partir. Ils sont tous revenus,  fortune faite, dans un pays en pleine expansion, pour y tenter de nouvelles expériences. Les nouvelles générations ne font donc que reprendre le même chemin - poussées cette fois par une crise économique qui ne lâche pas prise.

Mais l'état d'esprit de ces nouveaux émigrants est différent de celui de leurs grand-parents. Elevés dans une période faste, ils ont bénéficié des meilleures études et ont choisi leur métier avec rigueur. Leurs désirs et leurs envies ne correspondent plus vraiment à la situation qu'ils doivent désormais affronter. Et les pays qui les accueillent doivent apprendre que les Irlandais ont maintenant des exigences.

Au pays, les lycéens savent déjà qu'après leur Leaving Cert (baccalauréat), ils devront partir pour construire une vie.
Les lycéens ont compris plus vite que leurs grands frères, encore plongés dans leurs rêves de tigres perdus.