mardi 11 janvier 2011

Irlandais et émigration

La crise est là.  L'Irlande ne s'en sort plus. Et les Irlandais (re)découvrent les pauvres joies de l'émigration..

Le mot fait toujours frissonner les anciens. Ils se souviennent de ces années d'enfance, sans père. Un père parti au loin gagner un peu d'argent - de quoi nourrir les cinq ou six enfants restés en Irlande, avec leur mère.

Ces vies, passées à attendre l'absent, on  les avait enterrées dans un passé dont on ne voulait plus.  Mais le passé est revenu.

Après Noél, l'aéroport de Dublin s'est empli d'une nouvelle rumeur. Des cris, des pleurs, des chuchotements. Des valises, lourdes des petits objets trop personnels pour les laisser derrière soi. Des mères et des pères aux yeux rougis, des oncles et des tantes aux mains tremblantes et, parfois, des mamies et leur papy qui ne retiennent plus leurs larmes.

Les petits  vont partir. Ils n'ont plus le choix.

Durant les terribles années 1980, au taux de chômage de 18 p.cent, le rythme de l'émigration en l'Irlande était le plus élevé d'Europe - avec 70, 600 personnes quittant le pays chaque année. En avril 2010, le taux d'émigration était quasi-comparable, avec 65.300 candidats à l'émigration pour un taux de chômage de 13, 8 p.cent.

La différence entre ces deux chiffres tient dans l'origine des nouveaux émigrés. En 1989, la totalité d'entre eux étaient irlandais. En 2010  27, 700 sont irlandais, 19, 900 sont d'anciens immigrés d'Europe de l'Est, repartis dans leur pays d'origine, et les autres viennent de pays non-européens.

Les chiffres peuvent donc paraître pire que ne l'est la réalité. Des experts affirment ici que la situation est, pour le moment, loin d'être celle des années 1980.

Pourtant, les jeunes Irlandais s'habituent à l'idée d'une émigration - subie ou choisie. Et c'est là une des caractéristiques de la culture irlandaise - l'héritage d'un lourd passé post-colonial.

Durant le désormais fameux Tigre celtique, de nombreux Irlandais ont continué à choisir de partir. Ils sont tous revenus,  fortune faite, dans un pays en pleine expansion, pour y tenter de nouvelles expériences. Les nouvelles générations ne font donc que reprendre le même chemin - poussées cette fois par une crise économique qui ne lâche pas prise.

Mais l'état d'esprit de ces nouveaux émigrants est différent de celui de leurs grand-parents. Elevés dans une période faste, ils ont bénéficié des meilleures études et ont choisi leur métier avec rigueur. Leurs désirs et leurs envies ne correspondent plus vraiment à la situation qu'ils doivent désormais affronter. Et les pays qui les accueillent doivent apprendre que les Irlandais ont maintenant des exigences.

Au pays, les lycéens savent déjà qu'après leur Leaving Cert (baccalauréat), ils devront partir pour construire une vie.
Les lycéens ont compris plus vite que leurs grands frères, encore plongés dans leurs rêves de tigres perdus.

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