jeudi 26 janvier 2012

Occupy Irlande (suite)

La colère couve en Irlande. Elle éclate même dans les rues de Dublin où des manifestants proches du groupe Occupy Ireland se sont enchaînés depuis plusieurs jours aux grilles du ministère des finances et en bloquent l'accès.

La manifestation fait suite à l'annonce-choc du gouvernement irlandais affirmant que l'Etat irlandais n'avait "pas d'autre choix que de payer 1,25 milliard d'euros aux porteurs d'obligations" de l'ancienne banque Anglo-Irish - si le pays voulait sauver la réputation de son système bancaire et revenir le plus tôt possible sur les marchés d'obligations.

La banque par laquelle le scandale est arrivé en Irlande est l'une des principales causes du désastre financier dans lequel le pays se retrouve embourbé depuis 2008.

Spécialisée dans les prêts immobiliers durant le Tigre celtique, elle s'est retrouvée sérieusement exposée aux créances toxiques et n'a pas résisté à l'éclatement de la bulle immobilière survenue en Irlande dès 2008.

L'Etat irlandais a déjà injecté plus de 46 milliards d'euros (dont 30 milliards pour l'Anglo-Irish Bank) pour voler au secours des banques irlandaises - pour un produit intérieur brut (PIB) de quelque 160 milliards d'euros. Certains spécialistes avancent que l'Irlande aura encore besoin d'injecter quelque 50 milliards d'euros dans son système bancaire pour sortir de la crise.

Le peuple irlandais garde (pour l'instant) son calme légendaire. Pourtant, ça et là, quelques signes de mécontentement se font jour. Le mouvement Occupy Ireland en est le plus visible - surtout animé par des étudiants et quelques jeunes employés. On est encore (très) loin d'une révolution - mais les choses changent doucement.

mercredi 25 janvier 2012

Soleil et aurore boréale irlandaise


L'éruption solaire actuelle ne nous envoie pas seulement des protons à volonté et des tempêtes de premier ordre mais peut aussi nous donner à voir un merveilleux spectacle, loin des tourmentes économico-financières que  traverse en ce moment l'Irlande.

Ce cliché a été pris lundi soir dans le Donegal, dans le nord de l'Irlande : une magnifique aurore boréale, toute de vert vêtue, provoquée par la colère solaire.

lundi 16 janvier 2012

Occupy Ireland

Liam Mac an Bhaird, leader du mouvement

Un groupe de militants proche du mouvement Occupy irlandais a décidé de passer à l'action, un peu partout dans le pays. Ils entendent ainsi protester non seulement contre le sort réservé aux sans-abris, de plus en plus nombreux en Irlande, mais également contre le scandale du renflouement des banques qui ont participé à la spéculation immobilière, durant les années Tigre celtique.

Leur but est d'occuper les maisons et appartements laissés vides par la crise et désormais propriété de la NAMA - la banque de défaisance de l'Etat irlandais qui rachète (avec l'argent des contribuables) des milliers de biens abandonnés par les investisseurs, après l'explosion de la bulle immobilière en Irlande.

Le leader du mouvement, Liam Mac an Bhaird, explique vouloir occuper le plus grand nombre possible de ces fameux "quartiers fantômes" (ghost estates) qui ont poussé comme des champignons à travers l'Irlande, pendant les années fastes. Il existerait 400.000 biens immobiliers inoccupés en Irlande, et désormais sans aucune valeur - ce qui ajoute encore à la crise immobilière que traverse le pays.

Liam Mac an Bhaird veut amener le mouvement Occupy à le rejoindre dans sa croisade. Pour lui, il faut s'emparer des bâtiments rachetés par la NAMA, avec l'argent du peuple irlandais, et dénoncer le scandale du renflouement par l'Etat irlandais des banques qui ont prêté des milliards d'euros aux spéculateurs immobiliers, durant le Tigre celtique.

Selon lui, la colère gronde en Irlande. Il affirme voir les classes moyennes venir le soutenir dans son action - classes moyennes qui paient actuellement, via les multiples budgets d'austérité, pour la cupidité des banques et des promoteurs immobiliers.

Le groupe de Mac an Bhaird prévoit une action d'ampleur prochainement afin de mettre les autorités à l'épreuve : occuper un important immeuble au centre de Dublin, récemment racheté par la NAMA.

jeudi 12 janvier 2012

A la recherche d'une identité perdue

Le Irish Times fait de son mieux pour rassurer les Irlandais sur leur identité et, surtout, sur l'image qu'ils renvoient au reste du monde.

En l'espace de quelques jours, le journal a publié des articles résumant les dernières éditions des deux guides touristiques les plus lus au monde : Le Guide du Routard et Lonely Planet.

Le peuple irlandais qui, naguère, se plaisait à se voir comme l'éternelle victime d'un système colonial injuste et, à juste titre, en bien-aimé du reste de la planète, souffre désormais d'un manque d'estime de soi - et même d'un fort sentiment de culpabilité. Ce qui se traduit dans la vie de tous les jours par une attitude plutôt rugueuse, qui peut même aller jusqu'à une certaine agressivité.

Les deux guides touristiques, qui touchent à eux deux une grande partie du monde anglophone et francophone, appuient là où ça fait mal.

Le Lonely Planet souligne que la réputation d'amabilité des Irlandais cache surtout un "grand désir de parler" et que le manque d'estime de soi est leur "secret sombre".

Pour le guide anglophone, s'il est peut-être simpliste d'affirmer que les Irlandais sont habitués aux coups durs en raison de leur Histoire, il faut bien avouer qu'il y a une grande part de vérité dans cette affirmation.

Lonely Planet décrit les Irlandais comme étant d'essence "fataliste et pessimiste" et que c'est la raison pour laquelle ils ne sont pas descendus dans la rue pour protester contre les mesures d'austérité dues à la crise économique traversée par le pays - comme l'ont fait, par exemple, les Grecs. Et quiconque connaît bien les Irlandais ne peut qu'approuver cette affirmation.

Le Guide du Routard, quant à lui, aborde bien la crise économique et financière qui frappe durement le pays, mais insiste surtout sur le fait que les Irlandais ont déjà oublié la "main" de Thierry Henry, que tout est pardonné, oublié - et que le touriste français peut, sans crainte, revenir braver le climat irlandais.

lundi 9 janvier 2012

La fête est finie

La fête est finie. Le Christmas irlandais n'a jamais été aussi triste et le Happy New Year n'a jamais sonné aussi faux que cette année.

Pour couronner le tout, la Irish League of Credit Unions (pas besoin de traduire le nom) vient de publier une étude sur les ménages irlandais, en ce début de 2012. Et ce qu'elle annonce, tout le monde le savait déjà : les familles irlandaises ont de plus en plus de mal à payer leurs factures, chaque mois.

Le énième budget d'austérité présenté en décembre n'a fait qu'accentuer la tendance. Et on prévoit dès maintenant que le prochain budget (d'austérité) aura des répercussions encore plus dures pour les ménages, l'an prochain.

Ainsi, l'étude montre que plus d'un ménage sur deux rencontre d'énormes difficultés pour payer toutes les factures à temps. Un tiers des personnes interrogées (sur un panel de 1000) déclare penser à abandonner l'assurance-santé privée (indispensable en Irlande pour être remboursé de ses frais médicaux), l'année prochaine, si le budget se montre encore plus dur.
Par ailleurs, 70% des sondés déclarent ne plus avoir assez d'argent pour penser à épargner. Et 86% affirment ne plus avoir le pouvoir d'achat nécessaire pour relancer la consommation intérieure - après avoir payé taxes, gaz, électricité et autres charges, toujours en augmentation.

Il faut rappeler que les Irlandais ont déjà subi plusieurs baisses de salaires - et que leurs prêts immobiliers faramineux, eux, n'ont pas été réduits. Ils se retrouvent donc à payer plus de taxes, d'impôts et de charges à l'Etat irlandais (qui a aidé les banques au bord de la faillite) et à rembourser des mensualités monstrueuses à ces mêmes banques, pour des maisons qui ont parfois perdu jusqu'à 40% de leur valeur.

Sur ce, bonne année !