vendredi 16 novembre 2012

Savita


Savita avait 31 ans. Elle était venue en Irlande en 2008, pour y exercer son métier de dentiste.

Elle est morte à l'hôpital de Galway, Irlande, le mois dernier. Elle était enceinte de 17 semaines - et souffrait de terribles douleurs au ventre.

 Elle avait compris qu'elle était en train de perdre son bébé. Elle venait pour dire aux médecins de l'hôpital de l'aider. Elle leur a demandé de provoquer médicalement la fausse-couche qui, de toute façon, allait se produire.

Savita avait oublié une chose : elle était en Irlande. Et en Irlande, l'avortement est interdit. "Le coeur du foetus bat toujours", lui a-t-on répondu. "Nous sommes un pays catholique", lui a-t-on répété.

Pendant trois jours, elle a supplié les docteurs de Galway d'en finir avec une grossesse que, de toute évidence, elle ne pourrait mener à terme.

Pendant trois jours, les médecins ont tenu bon. Elle leur disait : "Je ne suis ni Irlandaise, ni catholique". Ils ont dit non. A la fin du troisième jour, le foetus est mort. Et Savita aussi : scepticémie généralisée.

Hier, des manifestations spontanées ont eu lieu dans tout le pays. Les parents de Savita Halappanavar et son mari pensent poursuivre l'Etat irlandais.

Ce matin, le ministre irlandais de la santé a fait savoir qu'il "était trop tôt pour revoir les lois sur l'avortement" en Irlande. Aujourd'hui, les manifestations sont déjà terminées.

Savita, elle, pensait pourtant à la joie d'avoir un autre bébé - un jour.

4 commentaires:

  1. On en a parler aux infos ici :-( Quelle tristesse! Ca m'a rappelé les pires conversations que j'ai pu avoir en Irlande ...

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  2. Mes pensées vont à cette femme morte si loin de son pays d'origine.... Et l'entêtement aveugle devant l'avortement n'est pas l'aspect le plus sympathique de l'Irlande même si je trouve qu'en France, cet acte est trop banalisé... mais là, il s'agissait de vie ou de mort. tout de même !

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  3. Banalisé? Ca ferait un grand débat... Surtout en ce moment où le nombre de médecins acceptant de faire des avortement se réduit comme peau de chagrin...

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  4. Cette histoire est effroyable. Effroyables aussi les réactions suscitées. Les pro-life contre les pro-choice. L'Eglise catholique en Irlande qui se croit obligée de se justifier (alors qu'elle ne fait que suivre sa "ligne de conduite" en fait). Et surtout, surtout, les tergiversations du gouvernement irlandais qui s'en remet (encore) à un groupe d'"experts" avant de se décider (enfin) à clarifier la loi irlandaise en matière d'avortement.
    Car aujourd'hui, 20 ans après le premier cas de jeune fille de 14 ans violée puis enceinte, l'Irlande se retrouve à nouveau face à sa fameuse "politique de l'autruche".
    Se débarasser des cas de grossesse problématique en envoyant les femmes se faire avorter à l'étranger (comme le prévoit la loi irlandaise depuis 1983) ou, enfin, accepter de faire face aux problèmes en autorisant l'avortement (même sous certaines conditions, ce serait un progrès) en Irlande afin que la santé mentale ou physique et la vie de la mère soit sauvegardées ?

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