lundi 16 décembre 2013

Sortie du plan d'aide international





Dimanche 15 décembre, l'Irlande est sortie officiellement du plan d'aide international octroyé par la Troïka (FMI, UE, BCE), fin 2010.

Elle devient ainsi le premier pays européen sous tutelle financière à retrouver son autonomie. D'autant plus que le gouvernement irlandais a décidé, fin novembre, de ne pas demander à l'Europe une ligne budgétaire de sécurité.

Contraint dès 2009 par ses partenaires européens de garantir les dettes des banques irlandaises, l'Etat irlandais n'avait alors pas eu d'autre choix que d'accepter, en 2010, le plan d'aide de 85 milliards d'euros pour sauver son système bancaire.

L'affaire était claire : ou l'Irlande couvrait les dettes de ses banques pour éviter un effet domino européen, ou elle serait tenue pour responsable de l'effondrement bancaire en Europe.

Le gouvernement irlandais était prévenu. La menace d'un lâchage du petit pays par les institutions européennes et internationales n'était même pas déguisée.

Hier soir, chose rare en Irlande, le Premier ministre irlandais, Edna Kenny, s'est exprimé à la télévision.

Tout en se félicitant de la sortie de son pays du plan d'aide international, il a prévenu les Irlandais que les efforts ne devaient pas se relâcher. L'austérité est bel et bien toujours au programme du pays. L'objectif étant de réduire encore les déficits publics.

Bien que le taux de chômage ait été ramené à 12,6% en novembre 2013 (après un pic de plus de 15% en 2012), la consommation intérieure est toujours en berne et les coupes claires dans les budgets de santé et du système social sont toujours à l'ordre du jour.

Les salaires des secteurs public et privé doivent encore subir des restrictions (déjà - 20% sur deux ans dans le secteur public).

L'émigration des jeunes sur-diplômés et des quadragénaires se maintient à son niveau de 2012 : 75.000 émigrants pour un pays d'à peine 4 millions d'habitants.

L'économie irlandaise connaît pourtant une embellie grâce aux exportations de ses services. Economie cependant dépendante de la situation internationale.

Et plusieurs générations d'Irlandais devront rembourser les 85 milliards d'euros alloués par la Troïka.
Mais l'Irlande fête pour le moment le retour de sa souveraineté financière et de la confiance des marchés.

Et ose maintenant dire tout haut ce que le pays pensait tout bas depuis trois ans.

C'est le ministre irlandais des Finances lui-même qui a exprimé l'opinion générale dans les médias, en fin de semaine dernière :

"Quand les leaders de la Troïka sont arrivés [en Irlande] il y a trois ans, ils partaient du principe que l'Irlande méritait plus ou moins ce qu'il lui arrivait".

Et le vice-président de la Commission européenne, Olli Rehn, ne vient-il pas de déclarer devant les Irlandais que "la garantie des dettes des banques par l'Etat irlandais avait été une erreur" ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire