jeudi 10 juin 2010

Crise : un rapport indépendant met en cause le gouvernement

Hier soir, le gouverneur de la banque centrale irlandaise, Patrick Honohan, a dévoilé les conclusions d'une enquête internationale et indépendante sur les causes de la crise bancaire et financière en Irlande.

Les conclusions du rapport Honohan sont impitoyables pour le gouvernement actuel - qui menait déjà le pays pendant la période dorée du Tigre celtique.

Le rapport met en cause la politique du ministre des finances de l'époque - Brian Cowen, l'actuel Premier ministre. Les deux experts internationaux qui ont participé à l'enquête rejoignent le gouverneur Patrick Honohan dans ses conclusions : le gouvernement s'est rendu coupable de laxisme en matière de fiscalité et de régulation immobilière.

Attirer les investisseurs étrangers à coups de fiscalité avantageuse et favoriser le secteur du bâtiment en laissant toute liberté aux banques a conduit - selon le rapport Honohan - le pays au bord du gouffre. Un gouffre qui n'aurait rien à voir - toujours selon le rapport - avec la crise internationale actuelle.

Socialement, les effets de la crise irlandaise se font fortement sentir.

"J'ai eu trois suicides ces derniers mois à cause de la pression que connaissent actuellement les gens", déclare un responsable du Money Advice and Budgetering Service (Mabs) dans une ville moyenne du centre du pays.

Les bureaux d'aide sociale sont débordés depuis plusieurs semaines. On pense même au retour des années noires lorsque le taux de chômage atteignait 22 p.cent et que la seule façon de réduire les files d'attente au Dole (Assedic) était de mettre les gens deux par deux.

Selon le Mabs, le niveau moyen des dettes des ménages qui viennent leur demander de l'aide a doublé en un an et atteint maintenant 11.400 euros par client.

Les classes moyennes sont étranglées, piégées par un système qui leur a permis d'emprunter aux banques irlandaises l'argent pour acheter la grande maison de leurs rêves ou le grand 4x4 dernier cri. Tout paraissait facile.

A l'époque, les banques approuvaient tous les dossiers. Beaucoup de ménages à ressources modestes ont bénéficié de prêts à 100 p.cent. Sur 30 ou 40 ans.

Le Mabs voit défiler dans ses bureaux des hommes qui doivent à leur banque plus de 1.200 euros par mois pour leur maison et qui n'ont pour seuls revenus que l'allocation chômage allouée par l'Etat irlandais.

"Blood in the streets", c'est ce qu'on entend le plus ces jours-ci en Irlande.

Les banques se font pressantes et envoient des "contrôleurs" chez leurs clients. Ils débarquent chez eux tous les deux jours, exigent de voir les factures et le budget du ménage pour la semaine.

Tout le monde connaît quelqu'un en difficulté mais personne n'admettra qu'il est lui-même concerné par la crise.

"Voir des enfants pleurer leur père qui vient de se tuer à cause de ses difficultés financières est la pire des choses", raconte un responsable du Mabs.

La crise sera profonde. Car ce n'est pas seulement le secteur de l'immobilier et du bâtiment qui a été touché mais bien tout le réseau économique qui va avec : fournisseurs de matériaux, usines, restaurants, pubs, alimentation.

Les nouveaux migrants de la Nouvelle Irlande sont déjà repartis vers leurs pays de l'Est. Les Irlandais parlent de partir à leur tour. Et de renouer avec leur vieille tradition : l'émigration de masse.

1 commentaire:

  1. Si je comprends bien , il se passe en Irlande le même phénomène qu'aux USA en 2007 : les banques ont prêté inconsidérément à des ménages (pour l'achat de leur maison) qui ne peuvent pas ou plus rembourser. Les banques ont donc des difficultés et pour les renflouer l'Etat (qui a déjà ses caisses vides par trop de cadeaux fiscaux ; comme en France alors ???)empreinte à l'UE et au FMI. Une fausse "aide" car très coûteuse comme en Grèce....
    Le rapport Honohan a donc tord de conclure "ce qui n'aurait rien à voir avec la crise internationale actuelle"

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