mercredi 9 juin 2010

Féminisme : toujours une nécessité en Irlande

Le Feminist Open Forum a ouvert ses portes, en septembre 2008, pour la première fois en Irlande. Plus de 80 chercheurs, politiques ou responsables d'associations étaient présents. Ou plutôt "présentes" : la majorité des personnes réunies étaient des femmes.

"Le féminisme est toujours une nécessité en Irlande". La réunion inaugurale du Forum s'est terminée sur ce cri.

La première raison de ce combat en République d'Irlande est l'interdiction du droit à l'avortement inscrit dans la Constitution irlandaise. La loi de 1992, qui amende la Constitution en donnant le droit aux femmes de "voyager pour aller avorter à l'étranger", permet chaque année à 4. 686 femmes enceintes de se rendre au Royaume-Uni pour avorter. Les Pays-Bas attirent 485 Irlandaises enceintes par an, dans le même but.

On estime que de nombreuses autres femmes enceintes de la République d'Irlande voyagent à travers l'Europe pour se faire avorter. Elles profitent des voyages à bas coût qui se sont développés ces dernières années sur l'Europe entière. Leur nombre n'est pas connu. Soit elles ne donnent pas leur véritable adresse en Irlande. Soit les pays concernés ne demandent pas de détails aux femmes, profitant ainsi de qu'on appelle ici désormais le "tourisme de l'avortement".

"Les enfants sont la principale raison pour l'absence des femmes dans la société irlandaise". La femme qui prononce cette phrase, lors du Forum, est la sénatrice indépendante Ivana Bacik.

Selon elle, le manque de modes de garde et la quasi-inexistence dans la loi irlandaise des droits des pères enferment les femmes chez elles, loin du monde du travail. Ici, l'école est obligatoire à 5 ans. Avant cet âge, les parents n'ont d'autre choix que de payer quelque 1.000 euros par mois pour une crèche privée. Ou de décider que la mère restera à la maison.

En Irlande, les femmes ne sont toujours qu'à peine 60 p.cent à travailler. Jusqu'en 2005, elles n'étaient qu'à peine 40 p.cent. Avec la crise économique, ce taux va sans aucun doute reculer ramenant les Irlandaises au rôle qui leur a été réservé par la Constitution ultra-conservatrice de 1937, toujours en vigueur : Le rôle premier des femmes mariées est d'enfanter et de garder le foyer.

La Constitution irlandaise ne donne aux femmes sans enfant qu'un statut d'adolescentes. Il faut rappeler que jusqu'en 1972 - date de l'entrée de l'Irlande dans l'Union européenne - les femmes fonctionnaires de l'Etat avaient l'obligation de démissionner quand elles se mariaient.

Les femmes irlandaises ont toujours, en 2008 comme en 2010, un problème d'image et d'estime de soi. Elles connaissent l'un des taux les plus élevés d'Europe en matière d'auto-mutilation.

2 commentaires:

  1. Elif Kayi a dit (page Facebook) :

    "le chemin vers l'émancipation est bien long et douloureux... "

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